Sépulture L/081 dans Lesterny
Cette sépulture L/081 fait en quelque sorte un tout avec les sépultures L/075 (la principale) et L/085.
En L/075, ont été inhumés Joseph Hérin et son épouse Marie Mareschal ainsi que leurs deux fils aînés, Célestin Hérin, resté célibataire, et Georges Hérin avec son épouse Anna Bertrand.
Ici, en L/081, a été inhumé leur troisième fils, Camille Hérin, avec son épouse, Jeanne Renard, puis leur enfant et fils unique Jules Hérin et son épouse Denise Detournay. Les parents de celle-ci, Constant Detournay et Julie Rodrigue ont leur sépulture en L/035. Par ailleurs, Victoire Detournay (L/037) est une tante paternelle de Denise, sœur aînée de son père.
Georges Hérin et Anna Bertrand, eux, ont eu deux enfants, des fils. Le premier, René Hérin (Lesterny 01/04/1920-Namur 21/01/2007), fit une carrière de gendarme et mourut à Namur où il fut inhumé. Le second, Jean Hérin, comme son cousin Jules, poursuivit la longue lignée d'agriculteurs à Lesterny. Il a été inhumé en L/85, avec son épouse Laure Jacques.
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Acte de naissance n° 23 du 12 décembre 1891 établi par la commune de Forrières pour Camille Hérin
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L'AN mil huit cent quatre-vingt-onze, le douze du mois de décembre à deux heures de relevée par devant nous Remacle Rochette Bourgmestre officier de l'état civil de la commune de Forrières canton de Nassogne province de Luxembourg, est comparu Désiré Joseph Hérin âgé de trente un ans, cultivateur domicilié à Lesterny, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né ce jour à six heures du matin en sa demeure à Lesterny de lui déclarant et de son épouse Marie Joseph Mareschal, âgée de vingt-huit ans, dont le mariage a eu lieu à Lesterny le dix-huit mai mil huit cent quatre-vingt-trois et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Camille Louis Joseph.
Les dites déclaration et présentation faites en présence de André Denis âgé de quarante ans, fermier domicilié à Forrières, et de Eugène Holz âgé de cinquante-un ans, secrétaire communal domicilié à Forrières, et ont les déclarant et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après qu'il leur en a été fait lecture.
Acte de naissance n° 7 du 23 décembre 1891 établi par la commune d'Ambly pour Jeanne Renard
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Du vingt troisième jour du mois de Décembre mil huit cent quatre-vingt-onze, à six heures du soir.
ACTE DE NAISSANCE de Jeanne Marie Thérèse RENARD, née à Ambly, le vingt trois présent mois à dix heures du matin, fille de Julien RENARD, âgé de quarante quatre ans, profession de cultivateur, demeurant à Ambly, et de Antoinette GEORGES, âgée de quarante et un ans, profession de ménagère, demeurant à Ambly.
Le sexe de l'enfant qui a été présenté a été reconnu être féminin.
Premier témoin Ferdinand Colle, âgé de vingt sept ans, profession de cultivateur, domicilié à Ambly.
Second témoin Narcisse Colle, âgé de vingt deux ans, profession de cultivateur, domicilié à Ambly.
Sur déclaration faite par Julien RENARD, père de l'enfant.
Constaté suivant la loi, par moi Henri Colle, bourgmestre faisant fonction d'officier public de l'état-civil de la commune d'Ambly, et après lecture faite aux témoins et déclarant lesquels ont signé avec moi.
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Camille Hérin, titulaire de la Croix de prisonnier politique 1940-1945 (avec ruban surchargé de deux étoiles) décernée en 1952, de la médaille civique de première classe 1940-1945 décernée en 1957 "en récompense du courage, de l'abnégation et du patriotisme dont il a fait preuve pendant les événements de guerre" ainsi que du statut de prisonnier politique et du statut de déporté pour le travail obligatoire
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Vers le 20 juillet 1944 une équipe de résistants du Mouvement national belge (M.N.B.) dirigée par le père Jean-Marie Loicq, curé de Lesterny, fit sauter le pont du chemin de fer enjambant la Lhomme près du lieudit En Naw’chin au nord-ouest de Masbourg, puis, ayant intercepté un train au point d’arrêt de Lesterny, ils en firent descendre conducteur et voyageurs et l’envoyèrent à pleine vapeur s’encastrer dans le pont détruit, bloquant la ligne pour plusieurs semaines.
Les communes avoisinantes furent sommées par la Kommandantur de Marche de fournir des ouvriers pour le déblaiement et la reconstruction du pont. Toutes décidèrent que nul ne se présenterait et qu’aucune liste ne serait remise. A Lesterny, Camille Hérin, premier échevin, faisait depuis le printemps 1941 fonction de bourgmestre. En représailles, les Allemands sont venus arrêter dans la commune de Lesterny, le bourgmestre (motif refus de livrer la liste des ouvriers de sa commune), l’instituteur et Jean-Baptiste Mareschal, le père d’Amand Mareschal. Amand Mareschal s’est rendu à la Kommandantur pour obtenir la libération de son père. Les Allemands décidèrent de relâcher son père et de l’arrêter lui, à la place. A la différence d’Amand Mareschal, employé des télégraphes et des téléphones mais aussi receveur de la commune de Lesterny depuis 1929, le père de celui-ci, Jean-Baptiste Mareschal (°1880-†1954), alors sexagénaire, époux de Marie Grandmont (°1885-†1958), n’exerçait aucune fonction communale. Les Allemands arrêtèrent aussi, à Masbourg, Léon Herman, Joseph Rondeaux et Victor Billy, à Forrières Joseph Motquin et Arsène Sokay, ainsi que Jean-Pol Brébois de On.
Selon les dossiers du Service des victimes de la guerre, à Bruxelles, Camille Hérin et Amand Mareschal furent arrêtés le 31 juillet 1944 par la Feldgendarmerie et internés le même jour dans les locaux de celle-ci à Arlon. Il dut en être de même pour Henri Charon. Le 7 août suivant, Amand Mareschal et, le lendemain, Camille Hérin furent incorporés dans un transport de détenus à destination d’un camp de travail disciplinaire (Straflager) de l’ouest de l’Allemagne, en Rhénanie du Nord-Westphalie, dans la région de Essen, plus précisément à Duisbourg, port fluvial sur le Rhin et ville industrielle vouée notamment à la sidérurgie. Ils y furent mis au travail au laminoir (Eisenwerk) de Duisbourg-Wanheim. Du 8 (ou 9) décembre 1944 au 4 mars 1945, Camille Hérin fut transféré au camp d’éducation par le travail (Arbeitserziehungslager) à Wanheim, pour le même laminoir. Evacué le 4 mars 1945 vers Kleinenberg en Westphalie, il y fut libéré le 14 avril et rapatrié le 28. De retour à Lesterny, Camille Hérin, alors âgé de 54 ans, aurait souvent dit qu’il serait mort en déportation si le jeune Amand Mareschal, âgé de 37 ans, n’avait été à ses côtés pour l’aider dans l’épuisant travail forcé auquel ils furent assujettis. Revêtu ultérieurement de la croix du prisonnier politique 1940-1945, Camille Hérin eut droit au statut de prisonnier politique ainsi qu’à celui de déporté pour le travail obligatoire. Amand Mareschal, pour sa part, fut placé à partir du 9 décembre 1944 dans des camps de travail du complexe de Duisbourg. Il pourrait avoir été évacué le 4 mars 1945 vers Kassel, dans le nord du Land de Hesse, puis le 17 vers Kleinenberg comme Camille Hérin deux semaines plus tôt. Il fut libéré par des troupes américaines début avril et aurait été rapatrié le 27. Lui aussi eut droit au statut de prisonnier politique ainsi qu’à celui de déporté pour le travail obligatoire. Henri Charon parvint à éviter la déportation et à rallier Lesterny où il reprit son travail d’instituteur. Il connut par contre une seconde arrestation par l’occupant pendant l’hiver 1944-1945, au cours de la «bataille des Ardennes».
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Un combattant de la guerre 1940-1945
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Le combattant de la guerre 1940-1945 dont la présence est mentionnée au pied du monument funéraire est Jules Hérin. Au moins dix-sept villageois étaient en âge de porter l’uniforme et de combattre en mai 1940, plusieurs d’entre eux dans des unités de "chasseurs ardennais". Jules Hérin fut de ceux-là. L’un deux y perdit la vie: Albert Louviaux (1916-1940), "soldat au 2e Chasseur Ardennais, frappé au front, face à l’ennemi le 19 mai 1940". D’autres furent déportés en Allemagne comme prisonniers de guerre et y restèrent en captivité. Les plus heureux parvinrent néanmoins à rejoindre Lesterny après cette "campagne des dix-huit jours" et plusieurs de ceux-là participèrent à la résistance. Jules Hérin se vit décerner en 1970 successivement la médaille commémorative de la guerre 1940-1945 avec deux sabres croisés et la médaille du militaire combattant de la guerre 1940-1945.
Type(s) de sépulture | |
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Autre type ? | |
Matériaux | Petit-granit (Pierre bleu) |
Autre matériaux ? | |
Aspect visuel | Toujours utilisé |
Aspect légal |
Sépulture Intérêt Historique Locale | Historique|Artistique|Social |
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Architectural | |
Fonction sociale | Bourgmestre |
Aucune inscription sociale | Non défini |
Inhumation avant 1945 ? | Non |
Combattant 14-18 | Non |
Combattant 40-45 |
Epitaphe
Famille Herin - RenardHerin - Detournay
Jules Herin 25/9/1920-30/5/2008. Pour le bonheur que tu nous a donné, merci papa
Denise Detournay 21/9/1919-2/1/2010. Pour ta joie de vivre et ton grand cœur, merci maman.
Combattant de la guerre 1940-1945. Passant!...Souviens-toi....
Nos estans di nové essone
Liste des noms indiqués sur cette sépulture
Nom | Né le | Décédé le |
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Detournay Denise Marie | 21/09/1919 | 02/01/2010 |
Herin Jules Clément | 25/09/1920 | 30/05/2008 |
Hérin Camille Louis Joseph | 12/12/1891 | 1966 |
Renard Jeanne Marie Thérèse | 23/12/1891 | 1944 |
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