Sépulture L/024 dans Lesterny



Une singularité du monument funéraire de la "Famille Louviaux-Baijot" est qu’il fut à l’évidence conçu avant tout comme un monument "À la fière et noble mémoire de Albert Louviaux né à Bure le 30-10 1916, soldat au 2e Chasseur ardennais frappé au front face à l’ennemi le 19 mai 1940 et très pieusement décédé à Gysegem le 21 mai 1940". Albert Louviaux fut d’ailleurs le premier à y être inhumé, en 1940. Ensuite, ce furent ses parents, son père Georges Louviaux d’abord, en 1946, puis sa mère Marie Baijot en 1962. Ils y sont mentionnés en position centrale, mais sous le mémorial à leur fils aîné, mort pour la patrie. Les ailes accueillirent ensuite, d’un côté, un second fils, Michel Louviaux, en 1986, et de l’autre plus récemment deux filles, Rachelle Louviaux en 2009 puis Gisèle Louviaux en 2013.

Il y a sans doute une relation entre l’érection familiale, donc privée, d’un tel notable mémorial à un combattant mort au front en mai 1940, et la pauvreté de l’action publique à ce propos: une simple plaque anonyme "Lesterny à ses héros 1940-1945" apposée sur le mur de l’église, juste à droite du monument nominatif à la gloire des héros de 1914-1918. Lesterny n’est en rien exceptionnel sur ce point. Dans tout le pays, la malheureuse "campagne des dix-huit jours" ne put nourrir l’élan patriotique qui après la victoire de 1918 mena à l’érection dans toutes les villes et villages de monuments à la gloire des morts, combattants et déportés.

A propos de la mort au front d'Albert Louviaux
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"Albert Louviaux, fils de Georges Louviaux (°1876-†1946) & Marie Baijot (°1884-†1962), naquit à Bure le 30 octobre 1916. Son père, lui-même né à Bure, s’installa à Lesterny à la mi-octobre 1922. Célibataire, Albert Louviaux exerçait à Lesterny la profession de journalier. Il y était domicilié 23 chemin de Masbourg. Soldat milicien de la classe 1936, il entama à la mi-octobre de cette année son service militaire au groupement mixte de chasseurs ardennais, avec le numéro de matricule 88744. Il mesurait 1 mètre 72, avait des yeux brun foncé, des cheveux châtain foncé, une cicatrice de coupure à l’index gauche et une aptitude particulière de vélocipédiste. Placé en congé sans solde puis en congé illimité en juin 1937, il fut assigné au 2e régiment de chasseurs ardennais à la mi-décembre 1937. Rappelé sous les armes dès le 28 août 1939, il rejoignit la 7e compagnie de ce régiment. «Excellent chasseur ardennais –lit-on à propos d’Albert Louviaux sous la plume du major Danloy qui commanda en 1940 le 3e bataillon du 2e régiment de chasseurs ardennais dont faisait partie la compagnie d’Albert Louviaux– qui s’est distingué au cours de la campagne de 1940 par les plus belles qualités de bravoure, d’endurance et de dévouement. S’est fait particulièrement remarquer au cours des journées des 18 et 19 mai 1940, alors que l’ennemi voulant à tout prix forcer le passage de la Dendre entre Wieze et Gijzegem s’acharnait sur la 7e compagnie du 2e régiment de chasseurs ardennais avec des moyens très puissants pour anéantir les défenseurs. A été mortellement blessé à son poste de combat et est mort à Gijzegem le 21 mai 1940». Plus précisément, Albert Louviaux fut gravement blessé à la tête le 19 mai 1940 à Mespelaere et transporté au couvent de Gijzegem où il mourut le 21 mai, en présence de la supérieure du couvent qui prévint sa famille. «Tué à l’ennemi», il avait 23 ans. Inhumée le jour même à Gijzegem, sa dépouille mortelle fut exhumée et transférée à Lesterny le 12 novembre 1940. Les registres de l’état civil de Gijzegem gardent la trace de son décès: «Het jaar negentien honderd veertig, den een en twintigsten der maand Mei, is te Gijzegem overleden LOUVIAUX ALBERT, geboren te Bure den dertigsten Oktober negentien honderd zestien, ongehuwde zoon van Louviaux Georges en van Marie Bayot (sic)». Albert Louviaux fut décoré à titre posthume de la croix de chevalier de l’ordre de Léopold II avec palme et de la croix de guerre 1940, avec la citation suivante: «Blessé très grièvement en résistant courageusement à son emplacement de combat, le 19 mai 1940, à Gijzegem au cours de la défense de la Dendre, est mort glorieusement pour la patrie, le 21 mai 1940, des suites de ses blessures»" (Terres entre Wamme et Lhomme, n° 9, Octobre 2005, p. 14-15).


Acte de naissance n° 13 du 21 octobre 1876 établi par la commune de Bure pour Louis "Georges" Louviaux
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Du vingt unième jour du mois d’octobre mil huit cent soixante-seize, à onze heures du matin.
ACTE DE NAISSANCE de Louis Georges LOUVIAUX, né à Bure, le jour d’hier à quatre heures de relevée, fils de Nicolas Joseph Louviaux âgé de quarante quatre ans, profession de négociant, demeurant à Bure et de Thérèse Joseph Bastin, âgée de quarante ans, profession de ménagère, demeurant à Bure.
Le sexe de l'enfant qui a été présenté a été reconnu être masculin.
Premier témoin Joseph Ernest Eloy, âgé de soixante et un ans, profession de cultivateur, domicilié à Bure.
Second témoin Auguste Demanet, âgé de quarante cinq ans, profession de cultivateur, domicilié à Bure.
Sur déclaration faite par Nicolas Joseph Louviaux, père de l'enfant.
Constaté suivant la loi, par moi Jean Joseph Bodard Demanet Bourgmestre faisant fonction d'officier public de l'état-civil de la commune de Bure et après lecture faite aux témoins et déclarant ils ont signé avec moi.

Acte de naissance n° 16 du 10 septembre 1884 établi par la commune de Forrières pour Marie Léonie Baijot
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L’AN mil huit cent quatre-vingt-quatre, le dix du mois de septembre à huit heures du matin par devant nous Guillaume Incoul (*) Bourgmestre officier de l’état civil de la commune de Forrières canton de Nassogne province de Luxembourg, est comparu Emile Baijot âgé de vingt-huit ans journalier domicilié à Lesterny, lequel nous a déclaré que son épouse Euphrasie Renoy, âgée de trente un ans, ménagère, domiciliée au même lieu, dont le mariage a eu lieu le premier juin mil huit cent quatre-vingt-deux, est accouchée hier au dit Lesterny à quatre heures du matin d’un enfant du sexe féminin qui nous a été présenté et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Marie Léonie.
Lesdites déclaration et présentation faites en présence de Victor Dehon âgé de quarante-deux ans berger domicilié à Forrières et de François Joseph Sokay âgé de cinquante-six ans ans secrétaire communal domicilié à Masbourg, et ont les déclarant et témoins signé avec nous le présent acte de naissance, après qu’il leur en a été fait lecture.

Acte de mariage n° 5 établi le 1er juin 1882 par la commune de Forrières pour Emile Joseph Baijot et Euphrasie Joseph Renoy
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L'AN mil huit cent quatre-vingt-deux, le premier du mois de juin à trois heures de relevée par devant nous Guillaume Incoul (*) Bourgmestre officier de l'état civil de la commune de Forrières canton de Nassogne province de Luxembourg, sont comparus Emile Joseph Baijot, journalier, domicilié à Lesterny, né à Libin le 28 janvier mil huit cent cinquante, fils majeur et légitime de Lambert Joseph Baijot, cultivateur, et de Eugénie Hody, ménagère, domiciliés au dit Lesterny, lequel nous a remis trois actes respectivement notifiés aux dits Lambert Joseph Baijot et Eugénie Hody, ses père et mère, les cinq janvier, douze mars et vingt avril derniers par Maître Legrand notaire de résidence à Nassogne, enregistrés les onze février, vingt-trois mars et le premier mai mil huit cent quatre-vingt-deux, sans lesquels il n’est pas intervenu de consentement et qui resteront annexés au présent acte. Le certificat modèle numéro 60 atteste que ledit Baijot a satisfait aux lois sur la milice nationale. D’une part ;
Et Euphrasie Joseph Renoy sans profession, domiciliée à Lesterny, née au même lieu le quatre octobre mil huit cent cinquante un, fille majeure et légitime de Lambert Joseph Renoy, cordonnier, domicilié au dit Lesterny, ici présent et consentant au présent mariage, et feue Henriette Warrant décédée le dix-neuf juillet mil huit cent cinquante six, d’autre part;
Les futurs époux Emile Joseph Baijot et Euphrasie Joseph Renoy déclarent légitime et reconnaître comme étant le fruit de leurs œuvres un enfant du sexe masculin né le vingt mai mil huit cent quatre-vingt-deux portant les prénoms de Célestin Joseph et inscrit sous le numéro quatorze des registres aux actes de naissance de la présente année;
Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux, et dont les publications ont été faites à Forrières les dimanches quatorze et vingt un mai mil huit cent quatre-vingt-deux;
Aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre VI du titre du Code civil intitulé "du Mariage", avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Emile Joseph Baijot et Euphrasie Joseph Renoy sont unis par le mariage.
De tout quoi nous avons dressé le présent acte en présence des témoins ci-dessous dénommés, savoir:
Jean Baptiste Hérin, cultivateur âgé de quarante-trois ans, domicilié à Lesterny
Victor Motkin, journalier âgé de cinquante ans, domicilié à Forrières
Léandre Nélis, sans profession âgé de trente trois ans, domicilié à Forrières
François Joseph Sokay, secrétaire communal âgé de cinquante-quatre ans, domicilié à Masbourg
Lesquels ont signé avec nous et les parties contractantes, après lecture faite.

(*) Bourgmestre de Forrières de 1861 à 1891, Guillaume Incoul a sa sépulture au cimetière de Forrières (F/074).


Type(s) de sépulture
Autre type ?
Matériaux Petit-granit (Pierre bleu)|Granit
Autre matériaux ?
Aspect visuel Toujours utilisé
Aspect légal
Sépulture Intérêt Historique Locale Historique|Social
Architectural
Fonction sociale
Aucune inscription sociale Non défini
Inhumation avant 1945 ?
Combattant 14-18 Non
Combattant 40-45

Epitaphe

Michel Louviaux 1926-1986. Georges Louviaux 1876-1946. Marie Baijot 1884-1962. Rachelle Louviaux 1924-2009. Gisèle Louviaux 1921-2013. À notre cher papa. Souvenirs.
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment tout doucement sans faire de bruit.
On n’oublie jamais ceux qu’on aime. Regrets.
Famille Louviaux - Baijot.
À la fière et noble mémoire de Albert Louviaux né à Bure le 30-10 1916, soldat au 2e chasseur ardennais frappé au front face à l’ennemi le 19 mai 1940 et très pieusement décédé à Gysegem le 21 mai 1940. Robert

Liste des noms indiqués sur cette sépulture


Nom Né le Décédé le
Baijot Marie Léonie 09/09/1884 1962
Louviaux Michel 1926 1986
Louviaux Louis "Georges" 20/10/1876 1946
Louviaux Rachelle Marie 14/04/1924 11/09/2009
Louviaux Gisèle Marie 14/12/1921 01/03/2013
Louviaux Albert 30/10/1916 21/05/1940

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